Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/253

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Le professeur Dédé leva l’index encore.

— Qu’y a-t-il, Monsieur, de plus désagréable pour une oreille tant soit peu musicienne, qu’une fausse note ? Je vous le demande, mais ne me répondez pas ! Il n’y a rien ! rien ! rien ! Avec mon cher petit perce-oreille, grâce au plus heureux dispositif électrique permettant des ondes nouvelles, beaucoup plus rapides et plus pénétrantes, — oui, Monsieur, ma parole ! — que les ondes hertziennes — avec, dis-je, mon cher petit perce-oreille, je vrille la fausse note dans les méninges, je fais subir au cerveau qui s’attend normalement à une note normale un choc tel que l’auditeur tombe mort, frappé comme d’un coup de couteau ondulatoire, si j’ose dire, au moment même où l’onde armée de la fausse note pénètre furtive et rapide dans le limaçon. Ah ! vrai ! qu’est-ce que vous dites de ça ?… Hein ?… vous ne dites rien de ça !… Non ! rien du tout !… moi non plus ! Il n’y a rien à dire… Tout cela tue les gens comme des mouches !… Ah ! c’est au fond bien ennuyeux !… car je resterai ici toute ma vie n’ayant vu passer que des gens qui seraient venus me délivrer, s’ils n’étaient pas morts… Mais, à leur place, je sais bien ce que je ferais dans une aussi grave circonstance…