Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/281

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— Celui de faire entrer à l’Académie quelqu’un qui ne sait pas lire ! Ce crime, c’est moi qui l’ai commis !

Et il ajouta, tremblant d’une fureur sainte :

Dénonce-moi donc si tu l’oses !

C’était la première fois que, depuis l’âge de neuf ans, où il avait eu le malheur de perdre sa mère, M. Hippolyte Patard usait, dans le discours, du « tutoiement ».

Cette familiarité menaçante, au lieu de calmer la discussion, ne fit que l’exaspérer davantage et les deux immortels étaient dressés l’un contre l’autre, comme deux coqs de bataille, quand un coup, frappé à la porte, les rappela au sentiment des convenances. M. Lalouette se laissa tomber dans un fauteuil, au coin du feu, et M. Patard alla ouvrir. C’était le concierge qui apportait un pli assez volumineux qu’on lui avait fort recommandé et qu’il devait remettre entre les mains mêmes de M. le secrétaire perpétuel. Le concierge s’en alla et M. Patard prit connaissance du message. D’abord il lut, sur l’enveloppe, ces mots : « À M. le secrétaire perpétuel, pour être ouvert en séance privée de l’Académie Française ».

M. Patard reconnut l’écriture et tressaillit.

— Qu’y a-t-il ? demanda Lalouette.