Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/286

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silence profond. Les marcassins s’étaient tus sous la botte de Makoko. Makoko était un de nos camarades, que nous appelions ainsi à cause d’une laideur idéale et sublime qui, avec le front de Verlaine et la mâchoire de Tropmann, le ramenait à la splendeur première de l’Homme des Bois.

Ce fut lui qui se décida à traduire tout haut notre pensée à tous les quatre, car nous étions quatre qui avions fui la tempête, sous la terre : Mathis, Allan, Makoko et moi.

— Si le gentilhomme ne nous donne pas l’hospitalité ce soir, il nous faudra coucher ici…

À ce moment, le vent s’éleva avec une telle fureur qu’il sembla secouer la base même de la montagne et que tout le Jura trembla sous nos pieds. Dans le même temps, il nous parut qu’une main soulevait le rideau opaque des pluies qui obstruait l’entrée de la caverne, et une figure étrange surgit devant nous, dans un rayon vert.

Makoko m’étreignit le bras :

— Le voilà ! dit-il.

Je le regardai.

Ainsi, c’était celui-là que l’on appelait le gentilhomme. Il était grand, maigre, osseux et triste. La pénombre fantastique, le décor exceptionnel