aussi sauvage que lui, et cela depuis des années innombrables. Dans la vallée, personne n’eût pu dire à quelle époque cet être mystérieux, qui ne descendait jamais de son nid d’aigle, s’était installé dans la montagne. Son fermier, car il avait un fermier qui exploitait pour lui de vastes terres, ne lui avait jamais parlé et traitait directement avec l’intendant. On ne connaissait pas la voix du gentilhomme et voilà que cette voix, nous l’avions entendue, nous, par un privilège qui tenait du sortilège.
Je dis : « sortilège », car enfin le plus bizarre de l’affaire n’était-il point cette invitation à des ombres perdues dans la nuit d’une caverne ! Nous le voyions, nous ; mais il ne nous voyait pas, lui ! Il invitait de l’ombre à venir s’asseoir à son foyer ! Makoko, qui était superstitieux, chargea les petits marcassins sur son épaule et nous dit : En route ! sans répondre à l’homme.
Nous nous avançâmes tous, au bord de la grotte. Il pleuvait encore mais l’orage faisait trêve. Le ciel s’éclaircissait au-dessus de nos têtes tandis que de gros nuages roulaient encore vers nos pieds, s’accrochant à de moindres cimes. La « gentilhommière » nous apparaissait, de l’endroit où nous nous trouvions, dans un