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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/296

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quant la terre, la terre avec ses monts, ses forêts, ses plaines, ses vallées, ses villes… la terre des hommes… et bientôt nous ne distinguâmes même plus nos bottes… mais, par un effet de lumière, à la fois fantastique et naturel, il n’y eut plus de visible, en face de nous, que le lugubre plateau, qui semblait porté par des nuées de tempête, en plein ciel, sans plus tenir par rien à la terre. La gentilhommière était debout là-dessus comme un Saint-Honoré sur une assiette. Un rai envoyé par le soleil à l’agonie alluma les créneaux de la tour et lui fit une sorte de couronne de soufre qui s’éteignit presque aussitôt. Et il nous parut que l’ombre démesurée de cette tour était venue nous toucher, s’allongeant tout à coup au-dessus de l’épais brouillard qui maintenant nous tenait la ceinture.

— C’est nous qui serions des fous de ne point accepter l’hospitalité de l’homme, fis-je. Entrons dans son petit castel. Et vite ! il n’y a pas une minute à perdre.

— C’est mon avis, obtempéra Allan.

— Et s’il nous porte malheur ! s’écria Makoko.

— Oui, s’il nous porte malheur ! répéta Mathis, qui était rarement d’un autre avis que celui de Makoko…