Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/32

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à petits pas feutrés, il commença le tour des tables qui formaient entre elles comme des petits box, dans lesquels étaient les fauteuils. Il y en avait de célèbres.

Quand il passait auprès de ceux-là, M. le secrétaire perpétuel y attardait son regard attristé, hochait la tête et murmurait des noms illustres. Ainsi, arriva-t-il devant le portrait du cardinal de Richelieu. Il souleva sa toque.

— Bonjour, grand homme ! fit-il.

Et il s’arrêta, tourna le dos au grand homme, et contempla, juste en face de lui, un fauteuil.

C’était un fauteuil comme tous les fauteuils qui étaient là, avec ses quatre pattes et son dossier carré, ni plus ni moins, mais c’était dans ce fauteuil qu’avait coutume d’assister aux séances Mgr d’Abbeville, et nul depuis la mort du prélat ne s’y était assis.

Pas même ce pauvre Jehan Mortimar, pas même ce pauvre Maxime d’Aulnay, qui n’avaient jamais eu l’occasion de franchir le seuil de la salle des séances privées, la salle du Dictionnaire, comme on dit. Or, au royaume des Immortels, il y a vraiment que cette salle-là qui compte, car c’est là que sont les quarante fauteuils, sièges de l’Immortalité.