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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/337

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dans d’affreux tripots, je me suis assis chez des Grecs qui donnaient à jouer… je gagnais contre les Grecs, je gagnais contre tout le monde !… Je gagnais !…

Ah ! vous ne riez plus, Messieurs ! Vous ne riez plus de moi ! ni du diable !… Voyez-vous, Messieurs, il ne faut rire de rien !… de rien !… Quand je vous disais que j’ai vu le diable !… Me croyez-vous, maintenant ?… J’avais la certitude, la preuve palpable, évidente pour tous, la preuve naturelle et terrestre de mon pacte abominable avec le diable !… Il n’y avait plus pour moi de loi des probabilités ! Il n’y avait plus de probabilités ! Il n’y avait plus que la certitude surhumaine du gain éternel… éternel jusqu’à la mort… La mort ! Je ne pouvais même plus y songer pour la désirer ! Pour la première fois, j’avais peur de la mort ! j’avais la terreur de la mort ! à cause de ce qui m’attendait au bout ! Ah ! racheter mon âme ! ma pauvre âme de damné !… Je suis entré dans les églises… j’ai vu des prêtres… je me suis agenouillé sur les parvis… j’ai heurté les dalles sacrées de mon front en délire !… J’ai prié Dieu pour perdre comme j’avais prié le diable pour gagner !… Au sortir du lieu saint, j’allais hâtivement dans le lieu infâme et je mettais quel-