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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/336

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On me trouvait une chance d’enfer. Et vraiment, j’avais abandonné la banque au bon moment !… Ayant ramassé mon gain, je suis sorti.

Sur le boulevard, j’ai réfléchi et j’ai commencé à être inquiet.

La coïncidence de la scène de l’armoire et de cette banque fantastique me troublait. Et, tout à coup, je me suis surpris retournant au cercle. Voilà ! je voulais en avoir le cœur net !… Ma joie éphémère était troublée par le fait que je n’avais pas perdu un coup !

Eh bien ! je voulais perdre un coup ! Je ne retournai au cercle que pour perdre un coup !…

Cette fois, messieurs, quand je suis sorti du cercle à six heures du matin, je gagnais, tant en argent que sur parole, deux millions !… Mais je n’avais pas perdu un coup !… pas… un… seul !… et je me sentais devenir fou furieux !… Quand je dis que je n’avais pas perdu un coup, je parle des coups d’argent, car ceux que je donnais « en blanc », pour voir, pour rien, pour le plaisir, ceux-là je les perdais inexorablement ! Mais dès qu’un ponte mettait contre moi cent sous, je les gagnais. Un sou ou un million, c’était tout comme ! Je ne pouvais plus perdre ! TU GAGNERAS ! Ah ! malédiction !… Malédiction !… Huit jours… Pendant huit jours, j’ai essayé… je suis allé