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Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/340

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la terreur d’avoir perdu mon âme pour toujours, plus qu’un espoir, celui de la racheter et je cherchai par quel sacrifice au-dessus des forces humaines je pourrais y réussir. Je vous ai dit de quel violent et pur amour mon cœur était rempli. Les millions regagnés et ceux qui pouvaient m’appartenir encore me permettaient d’aspirer enfin à la main de celle que j’aimais plus que tout au monde. Pas une seconde, je ne voulus supporter cette idée que je pourrais tenir mon bonheur de ces millions maudits. J’offris mon cœur à Dieu, en holocauste, et les millions gagnés aux pauvres, et je suis venu ici, Messieurs, attendre patiemment la mort qui ne vient pas… et dont j’ai peur !…

— Et vous n’avez jamais joué depuis ?… m’écriai-je.

— Je n’ai jamais joué depuis…

Allan avait compris ma pensée. Il songeait lui aussi qu’il serait peut-être possible de sauver de sa monomanie cet homme que nous nous obstinions tous deux à considérer comme un fou.

— Je suis sûr, dit-il, qu’après un pareil sacrifice, vous avez été pardonné… Votre désespoir a été certain, sincère, votre punition terrible… Qu’est-ce que Dieu pourrait exiger de