Page:Leroux - Le Fauteuil hanté, Lafitte, 1900.djvu/49

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Et il regagna sa place, ayant recouvré soudain une grande dignité.

Il n’arriva point cependant à son pupitre sans que quelques sourires l’accompagnassent.

Il les vit, et comme chacun prenait un siège pour la séance qui allait commencer… et que le Fauteuil hanté restait vide, il dit, de son petit air pincé, l’air du Patard citron :

— Les règlements ne s’opposent pas à ce que celui de mes collègues qui désire s’asseoir dans le fauteuil de Mgr d’Abbeville, y prenne place.

Nul ne bougea. L’un de ces messieurs, qui avait de l’esprit, soulagea la conscience de tout le monde par cette explication :

— Il vaut mieux ne pas s’y asseoir par respect pour la mémoire de Mgr d’Abbeville.

Au premier tour, l’unique candidat, Martin Latouche, fut élu à l’unanimité.

Alors M. Hippolyte Patard ouvrit son courrier. Et il eut la joie, qui le consola de bien des choses, de ne pas y trouver des nouvelles de M. Martin Latouche.

Servilement, il reçut de l’Académie la mission exceptionnelle d’aller annoncer lui-même à M. Martin Latouche l’heureux événement.

Ça ne s’était jamais vu.