Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/130

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célèbre par ses aventures d’explorateur que par ses découvertes de géologue. Il était doux comme un mouton, mais n’avait pas son pareil pour chasser le tigre des pampas. Il avait passé la moitié de son existence de professeur au sud du Rio-Negro, chez les Patagons, à la recherche de l’homme tertiaire ou tout au moins de son squelette, non point de l’anthropopithèque ou de quelque autre pithécanthropus, se rapprochant plus ou moins du singe, mais bien de l’homme, plus fort, plus puissant que celui qui habite de nos jours la planète, de l’homme, enfin, contemporain des prodigieux mammifères qui sont apparus sur le globe avant l’époque quaternaire. Il revenait généralement de ces expéditions avec quelques caisses de cailloux et un bagage respectable de tibias et de fémurs sur lesquels le monde savant bataillait, mais aussi avec une riche collection de « peaux de lapin », comme il disait, qui attestait que le vieux savant à lunettes savait encore se servir d’armes moins préhistoriques que la hache en silex ou le perçoir du troglodyte. Aussitôt de retour à Philadelphie, il reprenait possession de sa chaire, se courbait sur ses bouquins, sur ses cahiers et, maniaque comme un « rond de cuir », dictait son cours, s’amusant à faire sauter dans les yeux de ses plus proches élèves les copeaux de ses longs