encore le sentiment du devoir, c’est-à-dire de ce qu’ils se devaient chacun à tous deux, qui leur dicta la plus noble et la plus auguste des décisions ! J’ai déjà dit que Mathilde Stangerson avait été très religieusement élevée, non point par son père qui était assez indifférent sur ce chapitre, mais par les femmes et surtout par sa vieille tante de Cincinatti. Les études auxquelles elle s’était livrée par la suite, aux côtés du professeur, n’avaient en rien ébranlé sa foi et le professeur s’était bien gardé d’influencer en quoi que ce fût, à ce propos, l’esprit de sa fille. Celle-ci avait conservé, même au moment le plus redoutable de la création du néant, théorie sortie du cerveau de son père, ainsi que celle de la dissociation de la matière, la foi des Pasteur et des Newton. Et elle disait couramment que, s’il était prouvé que tout venait de rien, c’est-à-dire de l’éther impondérable, et retournait à ce rien, pour en ressortir éternellement, grâce à un système qui se rapprochait d’une façon singulière des fameux atomes crochus des anciens, il restait à prouver que ce rien, origine de tout, n’avait pas été créé par Dieu. Et, en bonne catholique, ce Dieu, évidemment, était le sien, le seul qui eût son vicaire ici-bas, appelé pape. J’aurais peut-être passé sous silence les théories religieuses de Mathilde si elles n’avaient été d’un
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