Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/154

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de la Mortola qui n’eût, pour débarrasser la place, qu’à faire donner grosses pièces, couleuvrines et bombardes et puis à charger l’ennemi déjà à moitié défait par le feu bien dirigé d’une artillerie qui était l’une des plus perfectionnées de l’époque. Mais là, aujourd’hui, qu’avions-nous à combattre ? Des ténèbres ! Où était l’ennemi ? Partout et nulle part ! Nous ne pouvions ni viser, ne sachant où était le but, ni encore moins prendre l’offensive, ignorant où il fallait porter nos coups ? Il ne nous restait qu’à nous garder, à nous enfermer, à veiller et à attendre !

Mr Arthur Rance ayant déclaré à Rouletabille qu’il répondait de son jardinier Mattoni, notre jeune homme, sûr désormais d’être couvert de ce côté, prit son temps pour nous expliquer d’abord d’une façon générale la situation. Il alluma sa pipe, en tira trois ou quatre bouffées rapides et dit :

— Voilà ! Pouvons-nous espérer que Larsan, après s’être montré si insolemment à nous, sous nos murs, comme pour nous braver, comme pour nous défier, s’en tiendra à cette manifestation platonique ? Se contentera-t-il d’un succès moral qui aura porté le trouble, la terreur et le découragement dans une partie de la garnison ? Et disparaîtra-t-il ? Je ne le pense pas, à vrai dire. D’abord, parce que ce