Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/172

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au préjudice de la maison Furet, et, aussitôt, il dénonce au juge d’instruction M. Furet comme s’étant volé lui-même.

L’affaire Furet restera longtemps célèbre dans les fastes judiciaires, sous cette rubrique désormais classique : « le coup du téléphone ». La science appliquée à l’escroquerie n’a encore rien donné de mieux.

Ballmeyer soustrait une traite de mille six cents livres sterling dans le courrier de MM. Furet frères, négociants commissionnaires, rue Poissonnière, qui l’ont laissé s’installer dans leurs bureaux.

Il se rend rue Poissonnière, dans la maison de M. Furet, et, contrefaisant la voix de M. Edmond Furet, demande par téléphone à M. Cohen, banquier, s’il serait disposé à escompter la traite. M. Cohen répond affirmativement et, dix minutes plus tard, Ballmeyer, après avoir coupé le fil téléphonique pour prévenir un contre-ordre ou des demandes d’explications, fait toucher l’argent par un compère, un nommé Rivard, qu’il a connu naguère aux bataillons d’Afrique, où de fâcheuses histoires de régiment les avaient fait expédier l’un et l’autre.

Il prélève la part du lion ; puis il court au Parquet pour dénoncer Rivard, et, comme je le disais, le volé, M. Edmond Furet lui-même !…