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Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/19

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lorsqu’elle eut enfin aperçu Rouletabille derrière son pilier. Elle lui sourit et nous sourit aussi, à notre tour.

— Elle a encore ses yeux de folle !

Je me retournai vivement pour voir qui avait prononcé cette phrase abominable. C’était un pauvre sire, que Robert Darzac, dans sa bonté, avait fait nommer aide de laboratoire, chez lui, à la Sorbonne. Il se nommait Brignolles et était vaguement cousin du marié. Nous ne connaissions point d’autre parent à M. Darzac, dont la famille était originaire du Midi. Depuis longtemps, M. Darzac avait perdu son père et sa mère ; il n’avait ni frère ni sœur et semblait avoir rompu toute relation avec son pays, d’où il n’avait rapporté qu’un ardent désir de réussir, une faculté de travail exceptionnelle, une intelligence solide et un besoin naturel d’affection et de dévouement qui avait trouvé avidement l’occasion de se satisfaire auprès du professeur Stangerson et de sa fille. Il avait aussi rapporté de la Provence, son pays natal, un doux accent qui avait fait d’abord sourire ses élèves de la Sorbonne, mais que ceux-ci avaient aimé bientôt comme une musique agréable et discrète qui atténuait un peu l’aridité nécessaire des cours de leur jeune maître, déjà célèbre.

Un beau matin du printemps précédent, il y