Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/219

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peu. Le prince n’en parut point froissé, mais il expliqua qu’il s’intéressait particulièrement aux faits et gestes de mon ami en sa qualité de sujet du tsar, depuis qu’il savait que Rouletabille devait partir prochainement pour la Russie. Mais le reporter répliqua que rien encore n’était décidé et qu’il attendait des ordres de son journal ; sur quoi le prince s’étonna en tirant un journal de sa poche. C’était une feuille de son pays dont il nous traduisit quelques lignes annonçant l’arrivée prochaine à Saint-Pétersbourg de Rouletabille. Il se passait là-bas, à ce que nous conta le prince, des événements si incroyables et si dénués apparemment de logique dans la haute sphère gouvernementale que, sur le conseil même du chef de la Sûreté de Paris, le maître de la police avait résolu de prier le journal l’Époque de lui prêter son jeune reporter. Le prince Galitch avait si bien présenté la chose que Rouletabille rougit jusqu’aux deux oreilles et qu’il répliqua sèchement qu’il n’avait jamais, même dans sa courte vie, fait œuvre policière et que le chef de la Sûreté de Paris et le maître de la police de Saint-Pétersbourg étaient deux imbéciles. Le prince se prit à rire de toutes ses dents, qu’il avait belles, et vraiment je vis bien que son sourire n’était point beau, mais féroce et bête, ma foi, comme un sourire d’en-