Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

répondre au prince, mais qui la referma, à mon grand étonnement, sans avoir répondu. Et le prince continua :

— … Vous eussiez trouvé là-bas un terrain d’expériences digne de vous. On peut tout espérer quand on a été assez fort pour dévoiler un Larsan !

Le mot tomba au milieu de nous avec fracas et nous nous réfugiâmes derrière nos vitres noires d’un commun mouvement. Le silence qui suivit fut horrible… Nous restions maintenant immobiles autour de ce silence-là, comme des statues… Larsan !…

Pourquoi ce nom que nous avions prononcé si souvent depuis quarante-huit heures, ce nom qui représentait un danger avec lequel nous commencions de nous familiariser, ― pourquoi, à ce moment précis, ce nom nous produisit-il un effet que, pour ma part, je n’avais encore jamais aussi brutalement ressenti ? Il me semblait que j’étais sous le coup de foudre d’un geste magnétique. Un malaise indéfinissable se glissait dans mes veines. J’aurais voulu fuir, et il me parut que si je me levais, je n’aurais point la force de me contenir… Le silence que nous continuions à garder contribuait à augmenter cet incroyable état d’hypnose… Pourquoi ne parlait-on pas ?… Qu’est-ce que faisait la gaieté du vieux Bob ?…