Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/277

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Nous étions là non loin d’une fenêtre encore éclairée, ouvrant sur le salon du vieux Bob et surplombant la mer. Cette fenêtre n’était point fermée, et c’est ce qui nous avait permis, sans doute, d’entendre distinctement le coup de revolver et le cri de la mort malgré l’épaisseur des murailles de la tour. De l’endroit où nous nous trouvions maintenant, nous ne pouvions rien voir par cette fenêtre, mais n’était-ce pas déjà quelque chose que de pouvoir entendre ?… L’orage avait fui, mais les flots n’étaient pas encore apaisés et ils se brisaient sur les rocs de la presqu’île d’Hercule avec cette violence qui rendait toute approche de barque impossible ! Ainsi pensai-je dans le moment à une barque, parce que, une seconde, je crus voir apparaître ou disparaître ― dans l’ombre ― une ombre de barque. Mais quoi ! C’était là évidemment une illusion de mon esprit qui voyait des ombres hostiles partout, ― de mon esprit certainement plus agité que les flots.

Nous nous tenions là, immobiles, depuis cinq minutes, quand un soupir ― ah ! ce long, cet affreux soupir ! un gémissement profond comme une expiration, comme un souffle d’agonie, une plainte sourde, lointaine comme la vie qui s’en va, proche comme la mort qui vient, nous arriva par cette fenêtre et passa sur