Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/278

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nos fronts en sueur. Et puis, plus rien… non, on n’entendait plus rien que le mugissement intermittent de la mer, et, tout à coup, la lumière de la fenêtre s’éteignit. La Tour Carrée, toute noire, rentra dans la nuit. Mon ami et moi nous étions saisi la main et nous nous commandions ainsi, par cette communication muette, l’immobilité et le silence. Quelqu’un mourait, là, dans la tour ! Quelqu’un qu’on nous cachait ! Pourquoi ? Et qui ? Qui ? Quelqu’un qui n’était ni Mme  Darzac, ni M. Darzac, ni le père Bernier, ni la mère Bernier, ni, à n’en point douter, le vieux Bob : quelqu’un qui ne pouvait pas être dans la tour.

Penchés à tomber au-dessus du parapet, le cou tendu vers cette fenêtre qui avait laissé passer cette agonie, nous écoutions encore. Un quart d’heure s’écoula ainsi… un siècle. Rouletabille me montra alors la fenêtre de sa chambre, restée éclairée. Je compris. Il fallait aller éteindre cette lumière et redescendre. Je pris mille précautions ; cinq minutes plus tard, j’étais revenu auprès de Rouletabille. Il n’y avait plus maintenant d’autre lumière dans la Cour du Téméraire que la faible lueur au ras du sol dénonçant le travail tardif du vieux Bob dans la batterie basse de la Tour Ronde et le lumignon de la poterne du jardinier où veillait Mattoni. En somme, en considérant la position