Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/281

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veau à trembler de tous ses membres sans que j’en pusse deviner la raison subite.

Et le père Bernier réapparut. Il retraversait la cour, tout seul, et retournait à la poterne. C’est alors que nous dûmes nous pencher davantage, et, certainement, les personnes qui étaient maintenant sur le seuil de la Tour Carrée auraient pu nous apercevoir si elles avaient regardé de notre côté, mais elles ne pensaient guère à nous. La nuit s’éclaircissait alors d’un beau rayon de lune qui fit une grande raie éclatante sur la mer et allongea sa clarté bleue dans la Cour du Téméraire. Les deux personnages qui étaient sortis de la tour et s’étaient approchés de la voiture parurent si surpris qu’ils eurent un mouvement de recul. Mais nous entendions très bien la Dame en noir prononcer cette phrase à voix basse : « Allons, du courage, Robert, il le faut ! » Plus tard, nous avons discuté avec Rouletabille pour savoir si elle avait dit : « il le faut » ou « il en faut », mais nous ne pûmes point conclure.

Et Robert Darzac dit d’une voix singulière : « Ce n’est point ce qui me manque. » Il était courbé sur quelque chose qu’il traînait et qu’il souleva avec une peine infinie et qu’il essaya de glisser sous la banquette de la petite charrette anglaise. Rouletabille avait retiré sa casquette et claquait littéralement des dents.