Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

geste d’hésitation dans la marche à suivre ; il ne prononcera plus un mot qui ne contribue nécessairement à nous sauver de l’épouvantable situation faite à l’assiégé par l’attaque de la Tour Carrée, dans la nuit du 12 au 13 avril.

Bernier ne lui résista pas. D’autres voudront lui résister qu’il brisera et qui crieront grâce.

Bernier marche devant nous, le front bas, tel un accusé qui va rendre compte à des juges. Et, quand nous sommes arrivés dans la chambre de Rouletabille, nous le faisons asseoir en face de nous ; j’ai allumé la lampe.

Le jeune reporter ne dit pas un mot ; il regarde Bernier, en bourrant sa pipe ; il essaye évidemment de lire sur ce visage toute l’honnêteté qui s’y peut trouver. Puis son sourcil froncé s’allonge, son œil s’éclaire, et, ayant jeté vers le plafond quelques nuages de fumée, il dit :

— Voyons, Bernier, comment l’ont-ils tué ?

Bernier secoua sa rude tête de gars picard.

— J’ai juré de ne rien dire. Je n’en sais rien, Monsieur ! Ma foi, je n’en sais rien !…

Rouletabille :

— Eh bien, racontez-moi ce que vous ne savez pas ! Car si vous ne me racontez pas ce que vous ne savez pas, Bernier, je ne réponds plus de rien !…