Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/308

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prêtant grande attention à ce que la peinture fût de mince valeur partout, et telle qu’on eût pu en féliciter un bon élève. Il penchait la tête de droite et de gauche pour juger de l’effet, et tirait un peu la langue comme un écolier appliqué. Et puis, il resta immobile. Je lui parlai encore, mais il se taisait toujours. Ses yeux étaient fixes, attachés au dessin. Ils n’en bougeaient pas. Tout à coup, sa bouche se crispa et laissa échapper une exclamation d’horreur indicible ; je ne reconnus plus sa figure de fou. Et il se retourna si brusquement vers moi qu’il renversa le vaste fauteuil.

— Sainclair ! Sainclair ! Regarde la peinture rouge !… regarde la peinture rouge !

Je me penchai sur le dessin, haletant, effrayé de cette exaltation sauvage. Mais quoi, je ne voyais qu’un petit lavis bien propret…

— La peinture rouge ! la peinture rouge !… continuait-il à gémir, les yeux agrandis comme s’il assistait à quelque affreux spectacle.

Je ne pus m’empêcher de lui demander :

— Mais, qu’est-ce qu’elle a !…

— Quoi ?… qu’est-ce qu’elle a ! Tu ne vois donc pas qu’elle est sèche maintenant ! Tu ne vois donc pas que c’est du sang !…

Non ! je ne voyais pas cela, car j’étais bien sûr que ce n’était pas du sang. C’était de la peinture rouge bien naturelle.