Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/32

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l’illustre professeur avait pu se rendre compte du rôle extraordinaire joué par cet enfant dans un drame où, sans lui, elle eût inévitablement sombré avec tous ceux qu’elle aimait, depuis qu’elle avait lu avec toute sa raison, enfin recouvrée, le compte rendu sténographié des débats où Rouletabille apparaissait comme un petit héros miraculeux, il n’était point d’attentions quasi maternelles dont elle n’eût entouré mon ami. Elle s’était intéressée à tout ce qui le touchait, elle avait excité ses confidences, elle avait voulu en savoir sur Rouletabille plus que je n’en savais et plus peut-être qu’il n’en savait lui-même. Elle avait montré une curiosité discrète mais continue relativement à une origine que nous ignorions tous et sur laquelle le jeune homme avait continué de se taire avec une sorte de farouche orgueil. Très sensible à la tendre amitié que lui témoignait la pauvre femme, Rouletabille n’en conservait pas moins une extrême réserve et affectait, dans ses rapports avec elle, une politesse émue qui m’étonnait toujours de la part d’un garçon que j’avais connu si prime-sautier, si exubérant, si entier dans ses sympathies ou dans ses aversions. Plus d’une fois, je lui en avais fait la remarque, et il m’avait toujours répondu d’une façon évasive en faisant grand étalage, cependant, de ses sentiments dévoués