Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/352

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Ronde. Si bien que je suis arrivé à temps pour voir, sous la clarté lunaire, la barque du prince Galitch aborder à la grève, devant les jardins de Babylone. Il sauta sur le galet, et, derrière lui, l’homme, ayant rangé les rames, sauta. Je reconnus le maître et le domestique : Féodor Féodorowitch et son esclave Jean. Quelques secondes plus tard, ils s’enfonçaient dans l’ombre protectrice des palmiers centenaires et des eucalyptus géants.

Aussitôt, j’ai fait le tour du boulevard de la Cour du Téméraire… Et puis, le cœur battant, je me suis dirigé vers la baille. Les dalles de la poterne ont retenti sous mon pas solitaire et il m’a semblé voir une ombre se dresser, attentive, sous l’ogive à demi détruite du porche de la chapelle. Je me suis arrêté dans la nuit épaisse de la Tour du Jardinier et j’ai tâté dans ma poche mon revolver. L’ombre, là-bas, n’a pas bougé. Est-ce bien une ombre humaine qui écoute ? Je me glisse derrière une haie de verveine qui borde le sentier conduisant directement à la Louve, à travers buissons et bosquets et tout le débordement parfumé du printemps en fleurs. Je n’ai point fait de bruit et l’ombre, rassurée sans doute, a fait, elle, un mouvement. C’est la Dame en noir ! La lune, sous l’ogive à demi détruite, me la montre toute blanche. Et puis, cette forme tout à coup