Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/37

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prendre nos vacances de Pâques », et que, puisque j’étais libre et que son journal l’Époque lui accordait un congé de trois jours, nous ne pouvions mieux faire que d’aller nous reposer « au bord de la mer ». Je ne lui répondis même pas, tant j’étais furieux de la façon dont il venait de se conduire, et aussi tant je trouvais stupide cette proposition d’aller contempler l’Océan ou la Manche par un de ces temps abominables de printemps qui, tous les ans, pendant deux ou trois semaines, nous font regretter l’hiver. Mais il ne s’émut point outre mesure de mon silence, et, prenant ma valise d’une main, son sac de l’autre, me poussant dans l’escalier, il me fit bientôt monter dans un fiacre qui nous attendait devant la porte de l’hôtel. Une demi-heure plus tard, nous nous trouvions tous deux dans un compartiment de première classe de la ligne du Nord, qui roulait vers le Tréport, par Amiens. Comme nous entrions en gare de Creil, il me dit :

— Pourquoi ne me donnez-vous pas la lettre que l’on vous a remise pour moi ?

Je le regardai. Il avait deviné que Mme Darzac aurait une grande peine de ne l’avoir point vu au moment de son départ et qu’elle lui écrirait. Ça n’était pas bien malin. Je lui répondis :

— Parce que vous ne le méritez pas.