Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/406

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répéter enfin l’accusation de la dernière victime de Larsan, pour que tous les soupçons de la justice se portassent sur la tête à perruque du géologue. Or, Mrs Edith, qui n’avait point cessé de croire, tout dans le fond de son âme de nièce, que le vieux Bob présent était bien son oncle, mais s’imaginant comprendre tout à coup, grâce au grattoir meurtrier, que l’invisible Larsan accumulait autour du vieux Bob tous les éléments de sa perte, dans le dessein sans doute de lui faire porter le châtiment de ses crimes et aussi le poids dangereux de sa personnalité, ― Mrs Edith trembla pour le vieux Bob, pour elle-même ; elle trembla d’épouvante au centre de cette trame comme un insecte au milieu de la toile où il vient de se prendre, toile mystérieuse tissée par Larsan, aux fils invisibles accrochés aux vieux murs du château d’Hercule. Elle eut la sensation que si elle faisait un mouvement ― un mouvement des lèvres ― ils étaient perdus tous deux, et que l’immonde bête de proie n’attendait que ce mouvement-là pour les dévorer. Alors, elle qui avait décidé de parler se tut, et ce fut à son tour de redouter que Rouletabille parlât. Elle me raconta plus tard l’état de son esprit à ce moment du drame, et elle m’avoua qu’elle eut alors la terreur de Larsan à un point que nous n’avions peut-être, nous-mêmes, jamais