Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/467

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penser à sa peine qui l’a fait pleurer comme un tout petit enfant pendant des heures…

— Mon vieux, ce Brignolles était un saligaud ! me dit-il sur un ton de reproche qui eût presque réussi à me faire croire que j’avais toujours considéré ce bandit comme un honnête homme…

Et alors il m’apprend tout, toute la chose énorme qui tient en si peu de lignes. Larsan avait eu besoin d’un parent de Darzac pour faire enfermer celui-ci dans une maison de fous ! Et il avait découvert Brignolles ! Il ne pouvait tomber mieux. Les deux hommes se comprirent tout de suite. On sait combien il est simple, encore aujourd’hui, de faire enfermer un être, quel qu’il soit, entre les quatre murs d’un cabanon. La volonté d’un parent et la signature d’un médecin suffisent encore en France, si invraisemblable que la chose paraisse, à cette sinistre et rapide besogne. Une signature n’a jamais embarrassé Larsan. Il fit un faux et Brignolles, largement payé, se chargea de tout. Quand Brignolles vint à Paris, il faisait déjà partie de la combinaison. Larsan avait son plan : prendre la place de Darzac avant le mariage. L’accident des yeux avait été, comme je l’avais du reste pensé moi-même, des moins naturels. Brignolles avait mission de s’arranger de telle sorte que les yeux de Darzac fussent