Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/47

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— Moi ?

— Oui ; qu’avez-vous fait ? Vous êtes resté longtemps sur ce banc ?…

— J’aurais bien voulu… mais le cocher est venu me chercher et je suis rentré…

— Où ?

— Eh bien, mais… au collège…

— Il y a donc un collège au Tréport ?

— Non pas, mais il y en a un à Eu… je suis rentré au collège d’Eu.

Il me fit signe de le suivre.

— Nous y allons, dit-il… Comment voulez-vous que je sache ici ?… Il y a eu trop de tempêtes !…

Une demi-heure plus tard nous étions à Eu. Au bas de la rue des Marronniers, notre voiture roula bruyamment sur les pavés durs de la grande place froide et déserte, pendant que le cocher annonçait son arrivée en faisant claquer son fouet à tour de bras, remplissant la petite ville morte de la musique déchirante de sa lanière de cuir.

Bientôt, on entendit, par-dessus les toits, sonner une horloge ― celle du collège, me dit Rouletabille ― et tout se tut. Le cheval, la voiture, s’étaient immobilisés sur la place. Le cocher avait disparu dans un cabaret. Nous entrâmes dans l’ombre glacée de la haute église gothique qui bordait, d’un côté, la grand’-