Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/73

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commencé, il se privait de la meilleure chance qui lui restait de se faire une situation dans le monde.

Les clients finirent par s’intéresser à ce petit décrotteur qui avait toujours sur sa boîte quelques bouquins d’histoire ou de mathématique et un armateur le prit si bien en amitié qu’il lui donna une place de groom dans ses bureaux.

Bientôt Rouletabille fut promu à la dignité de rond de cuir et put faire quelques économies. À seize ans, ayant un peu d’argent en poche, il prenait le train pour Paris. Qu’allait-il y faire ? Y chercher la Dame en noir. Pas un jour il n’avait cessé de penser à la mystérieuse visiteuse du parloir et, bien qu’elle ne lui eût jamais dit qu’elle habitât la capitale, il était persuadé qu’aucune autre ville du monde n’était digne de posséder une dame qui avait un aussi joli parfum. Et puis, les petits collégiens eux-mêmes qui avaient pu apercevoir sa silhouette élégante quand elle se glissait dans le parloir, ne disaient-ils point : « Tiens ! La Parisienne est venue aujourd’hui ! » Il eût été difficile de préciser l’idée de derrière la tête de Rouletabille, et peut-être bien l’ignorait-il lui-même. Son désir était-il simplement de « voir » la Dame en noir, de la regarder passer de loin comme un dévot regarde passer une