Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/76

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bras et de lui crier : « Tu es ma mère ! Tu es ma mère ! » Et il se sauvait, comme il s’était sauvé de la sacristie pour ne point laisser échapper en une seconde d’attristement ce secret qui le brûlait depuis des années !… Et puis, en vérité, il avait peur !… Si elle allait le rejeter !… le repousser !… l’éloigner avec horreur !… lui, le petit voleur du collège d’Eu ! lui… le fils de Roussel-Ballmeyer !… lui l’héritier des crimes de Larsan !… S’il allait ne plus la revoir, ne plus vivre à ses côtés, ne plus la respirer, elle et son cher parfum, le parfum de la Dame en noir !… Ah ! comme il lui avait fallu combattre, à cause de cette vision effroyable, le premier mouvement qui le poussait à lui demander chaque fois qu’il la voyait : « Est-ce toi ! Est-ce toi la Dame en noir ? » Quant à elle, elle l’avait aimé tout de suite, mais à cause de sa conduite au Glandier sans doute… Si c’était vraiment elle, elle devait le croire mort, lui !… Et si ce n’était pas elle,… si par une fatalité qui mettait en déroute et son pur instinct et son raisonnement… si ce n’était pas elle… Est-ce qu’il pouvait risquer, par son imprudence, de lui apprendre qu’il s’était enfui du collège d’Eu, pour vol ?… Non ! Non ! pas ça !… Elle lui avait demandé souvent :

— Où avez-vous été élevé, mon jeune