Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/92

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vivre cent ans ! Une première fois, lors de l’affaire de la galerie inexplicable, et la seconde dans la minute même où, dans sa chambre, on était venu m’arrêter ! Et puis, maintenant qu’elle avait appris qui était Larsan, ce n’étaient point seulement les traits du policier qu’elle avait reconnus ; mais, derrière ceux-là, le type redoutable de l’homme qui n’avait cessé de la poursuivre depuis tant d’années !… Ah ! elle jurait sur sa tête et sur la mienne, qu’elle venait de voir Ballmeyer !… que Ballmeyer était vivant !… vivant dans la glace, avec sa figure rase de Larsan, toute rase, toute rase… et son grand front dénudé !… Elle s’accrochait à moi comme si elle eût redouté une séparation plus terrible encore que les autres !… Elle m’avait entraîné sur le quai… Et puis, tout à coup, elle me quitta, en se mettant la main sur les yeux et elle se jeta dans le bureau du chef de gare… Celui-ci fut aussi effrayé que moi de voir l’état de la malheureuse. Je me disais : « Elle va redevenir folle ! » J’expliquai au chef de gare que ma femme avait eu peur, toute seule, dans son compartiment, que je le priais de veiller sur elle pendant que je me rendrais dans le compartiment moi-même pour tâcher de m’expliquer ce qui l’avait effrayée ainsi… Alors, mes amis, alors… continua Robert Darzac, je suis sorti du bureau du chef