Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/98

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paraître gaie. Son père voyait bien qu’il s’était passé, depuis que nous l’avions quitté, quelque chose que nous lui cachions. Elle fit celle qui ne s’en apercevait pas et mit la conversation sur la cérémonie du matin. Ainsi vint-elle à parler de vous, mon ami (M. Darzac s’adressait à Rouletabille), et alors je saisis l’occasion de faire comprendre à M. Stangerson que, puisque vous ne saviez que faire de votre congé, dans le moment que nous allions nous trouver tous à Menton, vous seriez très touché d’une invitation qui vous permettrait de le passer parmi nous. Ce n’est pas la place qui manque aux Rochers Rouges, et Mr Arthur Rance et sa jeune femme ne demandent qu’à vous faire plaisir. Pendant que je parlais, Mathilde m’approuvait du regard et ma main, qu’elle pressa avec une tendre effusion, me dit la joie que ma proposition lui causait. C’est ainsi qu’en arrivant à Valence je pus mettre au télégraphe la dépêche que M. Stangerson, à mon instigation, venait d’écrire et que vous avez certainement reçue. De toute la nuit, vous pensez bien que nous n’avons pas dormi. Pendant que son père reposait dans le compartiment à côté de nous, Mathilde avait ouvert mon sac et en avait tiré un revolver. Elle l’avait armé, me l’avait mis dans la poche de mon paletot et m’avait dit : « Si on nous attaque, vous nous défendrez ! »