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Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/99

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Ah ! quelle nuit, mon ami, quelle nuit nous avons passée !… Nous nous taisions, nous trompant mutuellement, faisant ceux qui sommeillaient, les paupières closes dans la lumière, car nous n’osions pas faire de l’ombre autour de nous. Les portières de notre compartiment fermées au verrou, nous redoutions encore de le voir apparaître. Quand un pas se faisait entendre dans le couloir, nos cœurs bondissaient. Il nous semblait reconnaître son pas… Et elle avait masqué la glace, de peur d’y voir surgir encore son visage !… Nous avait-il suivis ?… Avions-nous pu le tromper ?… Lui avions-nous échappé ?… Était-il remonté dans le train de Culoz ?… Pouvions-nous espérer cela ?… Quant à moi, je ne le pensais pas… Et elle ! elle !… Ah ! je la sentais, silencieuse et comme morte, là, dans son coin… je la sentais affreusement désespérée, plus malheureuse encore que moi-même, à cause de tout le malheur qu’elle traînait derrière elle, comme une fatalité… J’aurais voulu la consoler, la réconforter, mais je ne trouvais point les mots qu’il fallait sans doute, car, aux premiers que je prononçai, elle me fit un signe désolé et je compris qu’il serait plus charitable de me taire. Alors, comme elle, je fermai les yeux…


Ainsi parla M. Robert Darzac, et ceci n’est