qu’il saurait bien se passer d’elle, et autres balivernes que les femmes sont habituées à entendre, sans frémir du reste.
Quand Liliane revint dans le boudoir, il fut tout étonné de constater que son refus de lui donner la petite maison de la rue des Saules et que les reproches dont il avait accompagné ce refus ne l’avaient point autrement bouleversée. Au contraire, elle n’avait jamais été aussi calme.
— M’expliquerez-vous quelle est cette fantaisie de vouloir cette bicoque ? dit-il.
— M’expliquerez-vous celle que vous avez de me la refuser ? dit-elle.
— C’est un coin de terre qui me vient de ma mère, Liliane, et où j’ai des souvenirs de famille.
— Tant pis !
— Vous n’êtes point trop fâchée ?
— Ma foi non ! Mais c’est à une condition…
— Dites ! Liliane, dites…
Et Sinnamari était tout à fait heureux de la voir abandonner ce qu’il appelait une fantaisie, avec cette facilité ! Il s’était donc trompé ! Il n’y avait eu vraiment dans cette évocation du drame passé que de l’imagination de sa part… Comment, du reste, eût-il pu en être autrement ? Vraiment la présence de Liliane faisait de lui un autre homme. Il poussa un soupir.
— Eh bien ! mon cher Sinna, puisque vous ne pouvez me donner cette petite maison de la rue des Saules, vous m’en offrirez une autre, fit Liliane.
— C’est cela ! Tout ce que vous voudrez…
— Elle sera un peu plus grande, par exemple…
— Un palais, Liliane ! Un palais…
— Vous n’êtes jamais sérieux… Tenez, donnez-moi en place de la petite maison de la rue des Saules, votre grande propriété de Brétigny, et je vous aimerai, Sinna !…
— C’est vrai, Liliane, vous m’aimerez ?… C’est que vous m’avez dit si souvent cela que je n’ose plus y croire… N’importe, Liliane, ma propriété de Brétigny est à vous…
— Merci ! Écrivez !…
— Quoi ?
— Que cette propriété est à moi…
— À qui voulez-vous que je l’écrive ?
— Êtes-vous drôle ! À votre notaire…
— À Me Mortimard ?
— À lui-même.
— Comme vous êtes pressée d’avoir ma propriété, Liliane…
— Regrettez-vous déjà le don que vous m’avez fait ?