— Nullement !… Mais…
— Il n’y a pas de mais ! Écrivez à Me Mortimard de dresser tout de suite l’acte de donation de votre propriété de Brétigny.
— Et vous m’aimerez ?
— Et je vous aimerai…
Il la regarda. Elle avait le plus joli sourire du monde. Il écrivit.
— Je passerai vous prendre au Palais, Sinna… Je vous attendrai à six heures dans mon coupé, au coin de la place Dauphine…
— Pour quoi faire ?
— Mais, pour passer chez Me Mortimard, à qui je vais moi-même porter ce petit mot-là tout de suite.
Et Liliane caressa le nez du procureur de ce bout de lettre, sur lequel il priait le notaire de dresser l’acte de donation…
— Vous ne perdez pas de temps, Liliane…
— Jamais, mon ami, quand je suis avec vous. Puisque vous avez été bien gentil, nous passerons toute la nuit ensemble…
— Toute la nuit… murmura Sinnamari ému et n’osant comprendre.
— Oui, toute la nuit… On fera la noce jusqu’au jour… On ne se couchera pas !
Il avait compris… C’était la première nuit d’amour qu’il passait avec elle. Il fit une drôle de grimace et Liliane s’en amusa.
— Allez-vous-en maintenant, dit-elle, allez, mon bon Sinna… Il faut que je m’habille…
Et elle le chassa doucement. Et il partit.
Quand le procureur fut dans la rue, Mlle Nichette vint retrouver sa maîtresse.
— Il est là ! dit-elle…
— Faites-le entrer !…
Et M. Macallan entra dans le boudoir de Liliane. Celle-ci lui sourit :
— Comment va le comte ? demanda-t-elle.
— Très bien, belle Cécily !
— Il sera content… Tout est arrangé… Tenez, vous lui remettrez ceci…
— La petite maison de la rue des Saules ? interrogea le gnome en exécutant une pirouette galante… All right !
— Hélas ! non…
— Oh ! Liliane ! What is it ? fit le gnome avec mépris.
— Cela a été impossible… Il n’a rien voulu savoir !… Mais j’ai la propriété de Brétigny.
— Très bien, belle Cécily ! Avec cela, Me Mortimard s’arrangera, susurra le gnome rasséréné. Vous êtes une jolie fille, by Jove.
Et Macallan prit le papier que lui tendait Liliane.