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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/71

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XII

« MONSIEUR ! JE NE VOUS CONNAIS PAS ! »

Au moment où nous avons quitté le Vautour et Patte d’Oie dans l’arrière-greffe, le bourreau allongeait la main sur le pardessus du Vautour, geste qui avait fort impressionné cet aide exceptionnel du bourreau. Cependant, ayant repoussé le pardessus, Hendrick n’y toucha pas autrement et le Vautour en fut rasséréné, mais, en vérité, il est bon de dire que le Vautour n’avait point lieu d’être enchanté de la tournure que prenaient les choses.

S’il avait vu avec joie l’homme du greffe suivre le cortège qui se dirigeait vers la cellule de Desjardies, il avait constaté avec désespoir, pour l’exécution de son plan, que le bourreau restait dans l’arrière-greffe. S’il ne s’en éloignait pas, il allait falloir adopter le second plan prévu, qui était celui de l’emploi de la force et de l’irruption des cent lions de Montrouge au coin de la rue de la Vacquerie, dans le moment que Desjardies, les bras et les jambes liés, apparaîtrait sur la place.

Le Vautour commençait déjà en lui-même de ruminer tous les détails de ce plan-là, renonçant à l’autre qui était le plan de la ruse, quand, à sa plus grande joie, il vit le bourreau se lever et gagner le couloir.

Il le suivit avec précaution, pencha la tête hors de l’arrière-greffe et constata que Hendrick se rendait à la cellule du condamné à mort. Alors, il referma la porte de l’arrière-greffe, porte dont il ne tira pas les verrous.

En ce moment, Patte d’Oie et lui se trouvaient dans la situation qu’ils avaient espérée comme étant la plus propice à leur première entreprise. Tous deux étaient seuls dans l’arrière-greffe, avec, à côté d’eux, sous le guichet, un unique gardien.

Pour bien comprendre ce qui va se passer, il faut se rappeler que l’on accédait à l’arrière-greffe par trois portes : celle qui donnait sur la détention et par où venait de sortir le bourreau, celle qui donnait directement sur le guichet, vestibule de la prison ; enfin, une troisième porte qui donnait sur le greffe lui-même.

Le greffe, lui aussi, communiquant naturellement et directement par une porte sur le guichet.

Le Vautour leva le doigt. Patte d’Oie leva le doigt. Ils se regardèrent, ils sourirent : ils s’étaient compris ; seulement, le sourire de Patte d’Oie pouvait faire sourire, mais le sourire du Vautour faisait peur. Ces deux doigts levés en l’air signifiaient à ne s’y point tromper : Attention, le moment d’agir est venu !

Sous le guichet, ils entendirent le gardien tousser, faire quelques pas, remuer ses clefs. Le Vautour désigna à Patte d’Oie la porte qui donnait