traverser le cerveau de personne… Cependant ! Pourquoi avait-on poussé cette porte ?…
Le gardien-chef et le directeur de la prison étaient déjà contre cette porte, frappant du poing et ordonnant d’ouvrir… Alors, comme on n’ouvrait pas, tout le monde se regarda avec stupeur… Le préfet de police cria. Ils se mirent tous à crier et à frapper contre la porte. Le bourreau appelait son aide : « Prosper ! Prosper !… »
Le gardien-chef avait introduit une clef dans la serrure : mais il y avait, du côté de l’arrière-greffe, des verrous à la porte et la porte ne s’ouvrait pas. Évidemment, les verrous avaient été tirés. Le gardien albinos avait disparu.
Alors tous ces gens, fonctionnaires, gardiens, bourreau rebroussèrent chemin et, criant toujours, revinrent sur leurs pas, se répandirent dans les couloirs, dans la cour, et se précipitèrent, ceux-ci vers la porte de la cour qui donnait sur le guichet du greffe et ceux-là sur la porte qui donnait sur le parloir. Alors ils s’aperçurent qu’ils étaient prisonniers dans leur prison, car aucune de ses portes ne leur livrait passage.
Et il n’y en avait point d’autres ! Les architectes avaient si bien conçu le plan de la Grande-Roquette pour qu’on ne s’évadât pas que les trois portes aboutissant à l’unique guichet de la détention étant condamnées, le directeur de la prison lui-même et ceux qui, affolés, l’entouraient, tentaient en vain de s’évader !
Alors, ils redoublèrent de cris et de coups sur les portes et sur les murs, espérant être entendus du poste qui se trouvait sous le portail. Quant aux soldats et aux gardiens qui se tenaient à l’ordinaire dans le poste situé au fond de la grande cour, à côté de la chapelle-réfectoire et des ateliers, ils avaient rejoint le cortège de suite et ne parvenaient qu’à doubler le tumulte.
Le directeur de la prison passa son mouchoir sur son front en sueur et dit :
— Je suis déshonoré !… Mais tout de même, il ne s’échappera pas… Il ne peut pas s’échapper… Il ne peut pas sortir de la prison sans être arrêté !
Une idée subite lui fit interroger Hendrick qui, au fond, était le seul responsable de l’affaire devant la loi puisqu’il avait signé l’élargissement sur le registre d’écrou…
— Enfin, monsieur, vous êtes sûr de vos aides ?…
— Comme de moi-même, répondit Hendrick, seulement, une autre fois, je ne signerai pas sur le registre d’écrou, d’avance !…
Et il paraissait assez calme, comme s’il était le seul de tous ceux qui étaient là à ne point redouter une disgrâce immédiate qui lui eût fait perdre sa place.
Le préfet de police murmurait :
— C’est Dixmer qui avait raison !