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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/89

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By Jove ! hurla-t-il. Si ce que tu dis là est vrai, Vautour, tu es mon ami ; mais si tu mens ou si seulement tu t’es trompé, je ne donnerais pas un penny de ta peau ! Qui t’a raconté une chose pareille !

— C’est la Mouna ! répliqua simplement le Vautour.

XV

BENVENUTO CELLINI

Le roi Mystère remontait la Butte par des chemins déserts ; son front semblait encore penché sur cette terre funèbre qui avait entendu son serment, et la vision du petit cimetière habitait encore son regard souverain. Le vent qui vint le fouetter au visage dès qu’il arriva au sommet de son ascension parut le rendre à la réalité. Sa figure si sombre se rasséréna et la pensée terrible qui, les instants précédents, le dominait tout entier, sembla faire place à quelque chose de très doux et de très humain…

D’un pas déterminé, il redescendit la Butte du côté de la rue Gabrielle. Avant d’arriver à la Vieille-Rue-des-Moulins, il s’arrêta devant des terrains vagues. Là, il regarda autour de lui et sauta par-dessus une barrière de planches qui bordait un pauvre champ envahi par des tas d’ordures et des tessons de bouteilles. Soudain, il se trouva arrêté par un vaste bâtiment dont la façade donnait certainement sur la Vieille-Rue-des-Moulins.

Il contourna le bâtiment par derrière et ne s’arrêta que lorsqu’il fut devant une petite porte creusée dans le mur même de sa bâtisse. Il tira une clef de sa poche et ouvrit cette porte. Celle-ci laissa voir un escalier sombre et décrépit.

R. C. ayant encore jeté un regard inquisiteur sur les terrains vagues, certain de n’avoir pas été aperçu, referma la porte et, malgré la quasi-obscurité, gravit l’escalier avec une rapidité telle qu’il n’y avait point de doute qu’il ne connût admirablement l’étrange masure.

Mystère avait certainement franchi la hauteur de trois étages sans rencontrer un seul palier. On pouvait donc en conclure que cet escalier avait été construit jadis pour uniquement desservir l’appartement auquel il allait aboutir. Et, à la vérité, c’était bien là un passage secret qui conduisait à une mansarde meublée le plus pauvrement du monde. Une tenture dissimulait la porte de l’escalier par laquelle entra Mystère. Un lit de fer occupait un coin en face ; à côté, une « commode » contre le mur et, pendue au mur, une misérable glace. Au-dessus du lit, un portrait de femme et, seul de tous les objets qui étaient là, ce portrait semblait avoir de la valeur ; non point que le