Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/124

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— Hardigras aussi a offert à boire à M. Morelli.

— Mon Dieu, messieurs, que vous êtes méfiants !…

— Écoute, Titin, intervint Babazouk, c’est bien naturel… après ce qui est arrivé à ces messieurs !…

— Que voulez-vous dire ? interrogea M. Ordinal en jetant un mauvais coup d’œil à Babazouk.

— Eh bien ! mais après votre aventure de Naples ! fit le Bastardon.

— Chut !… commanda M. Ordinal, en regardant avec inquiétude autour de lui.

Ils descendirent tous quatre le passage Négrin… Le Bastardon poussa une porte. Ils se trouvaient dans un bar qui était en même temps un bodéga, où l’on consommait les boissons les plus variées autour de tonneaux coquettement cirés et cerclés d’acier brillant.

Fred, derrière son comptoir, agitait des gobelets avec une maestria sans cesse renouvelée. En entrant, Titin lui fit un petit signe d’amitié et lui demanda :

— Mon chef de la comptabilité n’est pas arrivé ?

— Pas encore, monsieur Titin, répondit Fred, mais il ne tardera guère… Il vous a attendu hier !… Le bruit a couru que vous aviez été malade.

— Je ne suis jamais malade, j’ai été empoisonné !

— Empoisonné ? s’écria Fred… Et par qui donc ?

— Par Hardigras !

Il ne parut pas prêter attention aux rires