Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/126

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Hardigras, pour plus de prudence, était descendu à fond de cale, où on l’avait caché derrière des caisses à destination de Naples.

Si l’on tenait à le prendre comme dans un traquenard, l’occasion était propice, mais il fallait se presser. Dans le moment même, l’équipage étant à terre, avait laissé la garde du bateau à quelque novice.

N’écoutant que leur courage, MM. Souques et Ordinal s’étaient hâtés vers le port.

Monter sur le navire, se rendre maîtres du novice, tout cela fut l’affaire d’un instant.

Le malheureux jeune homme protestait en vain de la violence qui lui était faite.

Ils le firent taire, revolver en main, et il dut leur montrer le chemin de la grande cale… Ils lui firent descendre le premier « l’échelle » qui les laissa au plus profond du bâtiment et là ils commencèrent leurs recherches.

Soudain, comme ils s’étaient enfoncés dans un trou noir, au bout duquel se trouvaient les caisses à destination de Naples, un bâton, au-dessus de leurs têtes, s’abattit sur la petite lanterne que portait M. Souques. En même temps, ils étaient bousculés, roulés, renversés sans qu’ils osassent se servir de leurs armes qui pouvaient les blesser mutuellement.

Quand ils se relevèrent, ils s’aperçurent qu’ils étaient enfermés dans une sorte de cage où l’on avait eu la précaution humanitaire de laisser quelques provisions, auxquelles, durant tout le voyage, ils ne touchèrent point, n’en ayant, hélas ! nulle envie. MM. Souques et Ordinal étaient, en effet, sujets au mal de mer et on les retira de là plus morts que vifs,