Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/135

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vident de leurs journaux et se remplissent des sous que le passant y laisse tomber. Un sac plein de gros sous, c’est tentant ! et nous ne sommes plus, hélas ! au temps de Rollon !

Faudrait-il taxer Titin d’imprudence ? Ce serait mal connaître le Bastardon.

On ne voyait point son personnel mais il existait, fort nombreux, et c’était la compagnie des T. D. L (tramways du littoral) qui le lui fournissait autant qu’il pouvait en avoir besoin ! et sans bourse délier, naturellement.

Les kiosques étaient installés le long des lignes, à tous les carrefours, les arrêts, les changements de traction et aiguillage. Tout en faisant leur besogne, les aiguilleurs et autres surveillaient les sacs et les clients… Que n’eussent-ils point fait pour Titin qui les récompenserait tous les ans, au mois de mai, par un repas pantagruélique.

Ce dîner ne lui coûtait non plus un sol (le coût gâte le goût) car il le faisait royalement payer par quelque gros personnage avide de gloire, auquel il promettait, pour les grands jours de batailles électorales, toutes les voix de son « personnel ».

Ce furent là, du reste, les débuts de la grande influence de Titin qui faisait des députés et des sénateurs comme Warwic fait des rois, mais toujours « avè » le sourire, hé !…

Ainsi est démontré, une fois pour toutes, le génie de Titin, lequel, avec une idée, remplissait sa poche en faisant travailler les autres et soulevait, par-dessus le marché, le monde ! Le monde politique, s’entend.