son voleur avait des complices dans la maison ! En tout cas, on commençait à trouver Hardigras moins drôle maintenant qu’il faisait renvoyer le personnel !…
En dépit de la gravité des circonstances, ce fut une explosion de rires quand on s’aperçut, sur le coup de midi, qu’une main mystérieuse venait d’accrocher une pancarte au grillage de la caisse centrale, sur laquelle on pouvait lire : « Tout employé renvoyé de la « Bella Nissa » pour cause de Hardigras, retrouvera dans les huit jours une place qui ne lui fera point regretter le pain sec du boïa ! Je m’y engage. – Hardigras. »
Comment cette insolente pancarte était-elle venue là ! On l’avait suspendue de telle sorte qu’il était malaisé de l’atteindre. Si bien qu’elle resta de longues minutes exposée aux yeux du personnel qui se réjouissait en aparté et de la clientèle qui se gaudissait ouvertement.
« Assident ! » s’écria-t-on tout à coup « le voilà lé moure de tôla ! » (Accident ! voilà le visage de tôle). C’était encore un sobriquet qui était en usage chez les petits débitants de la rue Droite quand ils parlaient du patron de la « Bella Nissa », lequel avait assurément résolu leur ruine en ouvrant un rayon d’alimentation.
M. Hyacinthe, en effet, arrivait, bousculant ; tout le monde ; on venait justement d’apporter une échelle, mais avant que fût décrochée la pancarte, il avait eu le temps de la lire !
Il devint plus jaune que confiture de coing, se saisit du maudit carton, se retourna sur la foule, dévisageant ceux qui riaient, paraissant