Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/143

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En même temps, un cri descendait du cinquième étage : Ma bannière !…

C’était M. Hyacinthe Supia qui, dans une agitation fébrile, désignait son bien et celui qui s’en était emparé !…

— Prenez-le ! Prenez-le ! C’est lui, Hardigras !

Il avait en effet toute l’apparence de celui que M. Sébastien Morelli avait décrit, tel qu’il l’avait vu, en cette nuit mémorable dont il était sorti en un si fâcheux état… Une simarre rouge lui tombait des épaules comme la toge des grands justiciers, le masque de treillis qui recouvrait son visage avait cette expression hilare à la fois terrible et bon enfant qu’ont les gens de joyeuse et parfaite santé quand ils feignent de se mettre en colère. Une couronne de carton doré couronnait sa chevelure opulente comme on voit, dans les gravures de l’Histoire de France, aux monarques de la première race… Enfin, il avait cette bannière, cette bannière qui prouvait tout, la bannière de M. Supia !…

— Allez ! zou ! À la rescousse, mes enfants ! s’écria Titin.

Et il s’élança.

Derrière lui s’ébranlèrent tous ses amis et aussi les faux Souques et Ordinal… et aussi les vrais !…

Ces derniers, sous un déguisement que leur facilitait la fête du jour, suivaient depuis son apparition le char carnavalesque et ils pensaient bien que tout ceci ne se terminerait point sans qu’ils eussent à intervenir.

Quand ils avaient vu surgir l’homme à la bannière, ils avaient percé la foule. Il fallait