Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/17

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Hardigras, l’interrogerait et saurait bien démêler les fils qui faisaient se mouvoir cet insolent pantin, à la solde de ses ennemis.

M. Hyacinthe était brave. À neuf heures du soir, il descendit dans les magasins déserts, avec des revolvers dans toutes ses poches. On s’imagine facilement les ruses d’apache qu’il déploya pour surprendre son hôte. « Le boïa » devait connaître aussi bien les tours et détours de la « Bella Nissa » que le fantomatique Hardigras.

Des sous-sols où se concentraient les services de départ au quatrième étage, où il avait relégué les ustensiles de ménage et la quincaillerie, il se glissa en rampant, projetant de temps à autre les feux d’une petite lanterne sourde sur des coins de ténèbres qui lui paraissaient suspects.

Plus d’une fois également il s’était arrêté, croyant avoir entendu un soupir, une respiration.

Un moment, en approchant, avec mille précautions de la fameuse chambre Louis XVI où Hardigras, naguère, avait goûté dans ces draps un repos si douillet… ne s’imagina-t-il point percevoir un ronflement singulier qui ne pouvait décemment venir que d’un homme dénué de tout sens moral, inaccessible aux remords comme aux mauvais rêves ? Et M. Hyacinthe, soudain, brusqua l’attaque, soulevant d’un coup la lustrine ! Le ronflement cependant continuait, insolemment rythmique, mais un peu plus loin… Tout le rayon de l’ameublement y passa… et le ronflement continuait toujours, de plus en plus quiet, régulier et béat ! C’était à devenir fou ! Les lustrines volaient