Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme d’immenses ailes noires sous les poings rageurs du « boïa ».

Le malheureux vécut une nuit d’halluciné. Vers les trois heures du matin, il finit par errer comme un fou, courant au quatrième quand il était au rez-de-chaussée, puis, persuadé tout à coup qu’une rumeur inexplicable montait des sous-sols, il redescendait comme une flèche.

Il ne prenait plus aucune précaution. Il trébuchait, tombait, se relevait, hagard, en sueur, jetant tout haut cet appel effaré : « Qui est là ? » et comme personne ne lui répondait, il continuait, d’une voix menaçante : « Répondez ou je tire ! »

Il lui semblait que s’il déchargeait son revolver, cela le soulagerait !

Tout à coup, il tira sur une forme étrange qui s’était dressée devant lui, éclairée d’un reflet sinistre.

Il y eut un fracas terrible.

M. Hyacinthe Supia venait de fracasser une armoire à glace.

Dans le même moment, une odeur très caractérisée de brûlé vint faire palpiter ses narines, Il se pencha haletant, au-dessus d’une galerie qui dominait le hall central. À la faible lueur du vitrage, il aperçut une fumée assez opaque qui montait du rayon de l’habillement pour hommes. Il cria : « Au feu ! »

Mais à quoi bon ? Est-ce qu’il n’avait pas lui-même chassé, cette nuit-là, les pompiers ?… Hardigras le savait et profitait de l’occasion pour faire flamber la « Bella Nissa » ! M. Supia roula plutôt qu’il ne descendit jusqu’au rayon menacé. Il se jeta sur l’extincteur, mais quelle