Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/192

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— Ça n’est pas toi qu’on attendait !

— Péchaïre ! on attendait Hardigras et voilà Titin !

— Nous apportes-tu des nouvelles de Hardigras ?

— Giaousé, appelle-le donc, toi. Il viendra, bien sûr !

Au nom de Giaousé, Titin tourna la tête, sourit à tout le monde, regarda l’heure à sa montre, une belle montre, d’argent dont la chaîne pendait à sa poche de poitrine, à côté — suprême élégance ! — de son petit mouchoir blanc brodé, et il se décida à entrer.

Aussitôt, derrière lui, une auto fermée et qui paraissait bondée de personnages inconnus, mais qui n’avaient point la mine qui convient aux gens de noce, s’arrêta et M. Ordinal en descendit. Il avait renoncé à se camoufler.

Il pénétra dans le débit derrière Titin, malgré les difficultés d’une telle entreprise et les souffrances qui en résultaient pour ses cors aux pieds.

Titin, suivant sa coutume, embrassa Giaousé qu’il aimait comme un frère, bien que celui-ci fût loin d’avoir son caractère exubérant et sa haute philosophie.

Giaousé était d’une nature plutôt renfermée, ne montrant jamais grande jubilation, mais se taisant sur ses chagrins. Il faisait toujours tout ce que voulait Titin avec lequel il ne discutait jamais. Une fois pour toutes, et cela depuis les premiers ans où il avait reçu de lui une bonne rincée, il semblait avoir admis sa supériorité définitive et quand il lui arrivait d’émettre un avis il n’oubliait jamais d’ajouter : « Pas, Titin ? »