Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/191

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Des membres de la colonie étrangère, amis d’Hippothadée, arrivaient en uniforme. Quelques femmes d’un très grand chic les accompagnaient. On se montra avec stupéfaction la comtesse d’Azila, plus blonde et plus maquillée que jamais, s’enquérant de la santé de quelques honorables douairières. Elle paraissait la plus à l’aise de toutes en ce jour qui, pour elle, mettait en deuil ses plus belles espérances. On ne pouvait s’empêcher d’admirer sa force d’âme, et ses amis en montraient quelque fierté : « C’est vraiment, disaient-ils, une très grande dame ! »…

Tout ce monde n’avait qu’une préoccupation : Hardigras.

Mais chez Camousse ce fut comme un étourdissement quand, au milieu de la chaussée, on vit s’avancer tout seul, une fleur à la boutonnière, les mains dans les poches, son feutré noir tout neuf sur l’oreille, dans un costume bleu foncé au gilet largement échancré, une cravate blanche nouée sur une chemise brodée et se traînant nonchalamment dans des souliers vernis, Titin-le-Bastardon !…

— Vé !… vé !… C’est lui !… C’est Titin !… Vé ! Qu’il est beau !…

— Babazouk n’a pas menti !… Vrai, qu’il est de noce !…

Maintenant on s’écrasait à la porte, aux fenêtres. Tout le monde voulait voir Titin. Des mains se tendaient vers lui.

— Eh Titin !… tu as le temps, mon fils !

— La mariée n’est pas encore arrivée !

— Viens prendre un coup de blec !

— Montre-toi, que l’on te voie, diable ! Le prince va être jaloux !…