Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/214

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— Je m’en vais, monsieur le commissaire, je n’ai plus rien à faire ici du moment que nous ne sommes plus d’accord, je m’en vais, à moins que vous ne me fassiez arrêter !

— Vous savez bien que je ne vous ferai pas arrêter, Titin ! sinon qui parlerait à Hardigras ?

Titin se pencha vers lui.

— Enfin ! vous savez bien, vous, que le prince est un bandit et que le Supia ne vaut guère mieux ! et que ce mariage est une abomination !…

— Pourquoi l’accepte-t-elle ?

— Elle ne l’accepte plus !… s’écria Titin avec une joie qui l’illuminait.

— Ah ! vous savez cela déjà ! s’écria M. Bezaudin en riant franchement. Vous avez donc déjà vu Hardigras !…

— Eh bien, oui, je l’ai vu, là !… dut avouer Titin en se mordant la lèvre jusqu’au sang et en rougissant, car, dans la jubilation amoureuse qui le grisait, il s’était laissé pincer comme un enfant.

M. Bezaudin, ayant marqué le coup, n’insista point sur son triomphe. Il tenait le bon bout, pour le moment, il ne le lâcha point.

— Si elle ne l’accepte plus, que craignez vous pour elle ?

— Tout ! fit Titin. Admettez qu’elle rentre chez ses parents, qu’elle dise qu’elle ne veut plus se marier avec Hippothadée… Elle n’en est pas moins encore sous la coupe de ces gens-là pour des années… Ce n’est qu’une enfant ! Elle finira par céder !

— Alors, fit brutalement Bezaudin, « c’est qu’elle ne vous aime pas ! »