Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/215

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Titin devint pâle. Il ne répliqua point, soit qu’il n’eût rien à dire, soit qu’il n’eût plus la force de prononcer une parole…

— Titin ! Titin ! fit le bon M. Bezaudin, vous êtes sur une bien mauvaise pente, mon ami !… Mais il y a encore de l’espoir !… Vous valez mieux que ce que vous voulez paraître ! Le pays vous a gâté parce qu’il vous a trop aimé !… Prenez garde ! Vous vous laissez entraîner à des choses qui soulèveront le monde contre vous !… Quand on prétend être son seul maître et son seul juge, quand on se met au-dessus des lois, il arrive un moment où l’on trébuche ! Et alors, on est piétiné !… Titin, mon ami, « écoutez le commissaire de police !… » Il est temps !… Vous avez fait assez de bêtises comme cela ! Je vous dirai même que vous n’avez plus le droit d’en faire « parce que vous aimez », Titin, et peut-être aussi parce que vous êtes aimé !… Ramenez vite chez ses parents Mlle Agagnosc !… si vous êtes encore un honnête homme !…

— Mlle Agagnosc, déclara Titin d’une voix rauque que la plus grande émotion de sa vie faisait trembler, sera ce soir chez ses parents !

— Merci, Titin, merci !… Je vous connais mieux qu’eux tous, moi, allez !… Nous finirons peut-être un jour par faire une paire d’amis !… Sapristi ! Il ne faut pas pleurer, Titin ! Il ne faut pas pleurer !…

— « Fan d’un amuletta ! »… Je ne pleure pas ! protesta Titin qui essuya d’un revers de main ses yeux rouges… Ce sacré Bezaudin, pardon, monsieur le commissaire… Ce sacré Bezaudin me fait faire tout ce qu’il veut !…