Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble, vous comprendrez qu’après ce qui s’est passé, nous ne tenions point à vous retenir. Il est même singulier que vous ayez osé nous infliger votre présence !

— Elle est tout à fait déplacée ! crut devoir expliquer Hippothadée.

— Mon cher Hippothadée, laissez-moi dire à monsieur ce qu’il faut qu’il entende, puisqu’il s’est senti le courage de monter jusqu’ici ! Monsieur Titin ! Si vous aviez eu quelque amitié pour ma pupille et si vous aviez été quelque peu honnête homme, vous n’auriez jamais eu la pensée d’une action aussi honteuse ! Vous l’avez réparée dans la mesure du possible en nous ramenant Mlle Agagnosc, mais il n’en reste pas moins que vous lui avez porté un préjudice considérable, et, sans la magnanimité du prince Hippothadée, ma filleule pourrait maintenant longtemps chercher un mari !

— Ne vous en faites pas, parrain… Je ne veux plus me marier !

Le prince eut un geste d’affreuse surprise qui touchait de près au désespoir, tandis que M. Supia se retournait, terrible :

— Tais-toi, petite malheureuse ! Tu es folle et tu n’as pas volé ce qui t’est arrivé !

— Possible ! lui répliqua sans s’émouvoir « la charmante Antoinette », mais je ne veux plus me marier !

— Et je te dis, moi, que tu te marieras ! éclata le Supia. J’en ai assez de tes fantaisies ! Je ne veux plus avoir la responsabilité de te garder plus longtemps dans ma maison.

— Fallait me laisser où j’étais.

Elle ne m’aime plus ! gémit Hippothadée en posant la main sur son cœur.